jeudi 31 mars 2016

Bruxelles centre, ce 27 mars...

barrage policier à l'entrée du bd Anspacht
Une ballade un peu agitée dans le centre-ville ce dimanche, en cause, une bande de 500 "supporters" réunis sous la bannière du "Casual Belgian supporter" ont voulu défiler vers le lieu de commémoration des victimes des attentats du 22 mars. Sans doute voulaient-ils se recueillir autour des bougies, des drapeaux multicolores et des oursons déposés face à la Bourse, mais toujours est-il qu'ils ont procédé de façon très martiale : bras et poings tendus, uniformes noir, marche cadencée ou presque, bousculades diverses et même quelques gnons échangés ci-et-là. Le public, très diversifié, les a pris pour des militants fascistes et des slogans hostiles furent scandés... les incidents étaient inévitables et il a fallu une intervention ferme et très coordonnée de la police pour éviter le pire et évacuer les "casuals" trublions. Je n'ai pas assisté à la totalité des événements dont on peut voir les vidéos sur les réseaux sociaux, des prises de vue assez nombreuses et exhaustive pour en avoir une idée exacte. Cependant quelques vues montrent une ambiance alourdie.




un geste menaçant à l'égard des badauds rassemblés sur une rue latériale
Sur la place de la Bourse, après la dispersion des "Casuals", les gens étaient calmes mais scandalisés et honteux de ce qui s'étaient passé. Ceci dit, il faut bien se rendre compte à l'évidence : les commémorations autour de la Bourse se sont déroulées jusqu'à présent dans un esprit de pacification, de deuil et de fraternité, prenant soin à rassembler les communautés diverses de Bruxelles. 

Ce qui s'exprime par la multitude des drapeaux, nationaux et communautaires, que l'on voit côte à côte. Mais cet unanimisme multiculturel reste fragile : certains ont eu un peu de mal à accepter la présence d'une bannière kurde à côté des drapeaux turcs, ou d'un emblème Amazigh (berbère) à côté du drapeau national marocain... et je n'évoque même pas la coexistence des drapeaux israélien et palestinien ! Mais les petits incidents sont sporadiques et rapidement réglés. J'ai quand même eu l'impression que chaque communauté fut présente dans un esprit d'auto-affirmation communautaire, certes dans une bonne volonté unanimiste, mais ne parvenant pas à dépasser la réalité conflictuelle d'un monde profondément divisé. 


L'irruption des Casuals a eu au moins le mérite de nous ramener à cette réalité : nos sociétés sont écartelées, fragmentées, les liens de solidarité systématiquement détruit par la concurrence généralisée et la marchandisation de tous les rapports sociaux. Dans ce contexte, la tentation des extrêmes est grande : nous n'avons pas affaire qu'à la menace "terroriste", celle de Daesh et consort, mais aussi à la menace d'un fascisme ouvert, dont de nombreux activistes durs sont infiltrés dans ces "casuals" amateur de foot et de bagarres et d'un fascisme rampant, ordinaire, qui contamine les réseaux sociaux, mais aussi les discours et les pratiques des gouvernants d'une nation réduite à l'image de nains de jardin. 








mercredi 23 mars 2016

unis et debout

Le 22 mars 2016, des criminels se prétendant djihadistes firent exploser deux bombes dans le hall d'entrée de l'aéroport de Zaventem, et une bombe dans une rame de métro à la station de Maelbeek, sise à proximité du "quartier européen". L'attentat causa 31 morts et plus de 260 blessés dont, pour certains, on peut craindre une issue fatale. L'organisation criminelle qui s'autoproclame "Etat islamique" revendique cet attentat. On aurait pu croire que cette tragédie suscite la colère et la haine... or la première réaction du peuple bruxellois se résume en deux mots : solidarité et compassion. Un sentiment de deuil qui est partagé au-delà des différences culturelles et sociales.
C'est ainsi que, spontanément, la place de la Bourse, au coeur de Bruxelles, se transforme en un lieu de commémoration, de partage et de résilience collective. 

On trace à même le sol et sur les murs d'émouvants témoignages d'amour, de deuil, d'appel à la paix et à l'unité, sur un ton où se mêle chagrin, humour et impertinence.  On allume des bougies, on dépose des fleurs, des dessins, des photographies, des animaux en peluche, des drapeaux ...






Ce 23 mars, c'est quasi officiellement que les autorité politiques de la ville appelle les Bruxellois à se rassembler. On vit le bourgmestre Y Mayeur, en compagnie de la maire de Paris, Anne Hidalgo, y déposer une gerbe de fleurs. D'autres personnalités politiques, dont P. Magnette, étaient présents.




 
 




 

  











mardi 22 mars 2016

sauvage carnaval (4) - la dérision comme résistance

Le temps n'est plus à la fête à Bruxelles. La terreur imbécile revient à la une de l'actualité. Spinoza affirmait que la haine - ce sentiment triste qui détruit notre puissance d'être - ne peut être vaincue que par l'amour, joie renforçant notre puissance d'être. Notre arme face à la terreur - mis à part les nécessités de la défense en vue de la préservation de la démocratie - est cette forme d'amour qu'est la solidarité. Mais notre langage face à la peur sera celle de la dérision, du rire, de l'humour... Aux déflagrations meurtrières, répondons par les étincelles de notre intelligence, de notre raison comme de nos joies de vivre. Je continue donc, malgré et contre la tristesse qui nous accable, à évoquer la mascarade marollienne du samedi 19... histoire aussi de conjurer nos peurs.










lundi 21 mars 2016

sauvage carnaval (3)

En ces temps d'austérité et de sécurité totalitaire, les mascarades constituent toujours une forme de transgression. Le masqué décrète la mort du soi pour assumer une identité collective - sublimée comme un dieu, exprimant de l'enracinement dans le terreau identitaire ancestral, ou affirmant une fusion avec les forces naturelles - qui fait fi des contraintes sociales. Sous le masque, on se libère, on se venge ou venge les injustices commises par le pouvoir. C'est pourquoi le masque est craint, à la fois adoré et honni. Il peut aussi bien exprimer la justice - comme ces super-héros de bande dessinée - que le crime : mais entre la cagoule des forces de l'ordre et celui du terroriste, il y a-t-il vraiment une différence ? 

Les mascarades festives relèvent certes du jeu, du cirque et du théâtre : la part du divertissement est incontestable, mais s'esquisse aussi un rituel cathartique et sacrificiel. En l'occurrence, le carnaval sauvage bruxellois se termine, paraît-il, par la pendaison symbolique du promoteur immobilier et du bureaucrate, figures honnies du pouvoir dans ces quartiers populaires des Marolles. ... 





 
 
 





sauvage carnaval (2)

Un moment fort du Carnaval sauvage de Bruxelles fut le passage par la Cité Hellemans. Cette ensemble immobilier est "un des premiers exemples de cité sociale constituée de logements collectifs et implantée au cœur même de la ville. Elle constitue également un ensemble architectural remarquable par sa conception et par son esthétique influencée par l’art nouveau." (Wikipedia). Avec la mascarade, l'ambiance fellinienne était garantie.